martedì 27 aprile 2010

Merde! (.cit)

Dal Nouvel Observateur, firmato da Grégoire Leménager, trovato grazie a Daniele Sensi:


L'interdiction du jour

Saviano bloqué en Italie par le gouvernement berlusconien

On ne sort pas d'Italie comme d'un moulin quand on s'appelle Roberto Saviano. Il faut des dispositifs de sécurité, des dispositifs de sécurité et encore des dispositifs de sécurité. Il faut aussi, et surtout, des autorisations officielles. L'auteur de « Gomorra » avait fini par les obtenir pour venir en France, du 3 au 6 mai prochain. Il devait parler de « la Beauté et l'Enfer », le formidable recueil d'articles qu'il publie ces jours-ci (chez Robert Laffont). On lui avait trouvé un hôtel, qui acceptait de l'accueillir. De nombreux rendez-vous étaient fixés, des dizaines de journalistes l'attendaient. Ce n'est plus d'actualité : son voyage vient d'être annulé, par une de ces décisions gouvernementales qui ont le pouvoir de se passer de motifs.

Né en 1979 à Naples, où il a étudié la philosophie, Roberto Saviano vit sous protection policière depuis qu'il a dénoncé le fonctionnement de la mafia napolitaine dans «Gomorra» (5 millions d'exemplaires vendus depuis 2006). Opposant au berlusconisme, il prépare un grand livre sur les agissements mafieux à l'échelle internationale.

«Berlusconi n'a pas été correct avec moi»

Il n'y aura sans doute pas de difficultés à invoquer de mystérieuses raisons de sécurité, mais voilà par ailleurs qui tombe à pic, pour éviter à Saviano de faire «de la mauvaise publicité à l'Italie», comme dit un certain Silvio Berlusconi. D'autant que le jeune homme, qui n'a plus que sa langue et sa plume pour se défendre, ne s'est pas contenté de répondre aux attaques du président du Conseil dans une remarquable lettre ouverte. Il s'est rendu la semaine passée à Genève, en la qualité d'invité d'honneur de la sixième Conférence mondiale du journalisme d'investigation. Et l'on a pu lire dans la presse suisse quelques déclarations qui ont dû enchanter, en haut lieu, à Rome :

«Silvio Berlusconi n'a pas été correct avec moi. Il affirme que je fais du tort à mon pays. Moi, je crois que seule la vérité sert à donner à un pays sa dignité. Le pouvoir mafieux n'est pas déterminé par celui qui raconte le crime mais par celui qui commet le crime.»

«[Silvio Berlusconi] est le résultat de la situation qui prévaut en Italie. Il n'en est pas la cause. Le problème, c'est que beaucoup de gens pensent comme lui que parler de ce problème est préjudiciable au pays.»

Mais aussi quelle idée, franchement, de s'obstiner à dénoncer l'économie criminelle de la mafia sous prétexte qu'elle vous a condamné à mort ? De rapprocher l'attitude du Cavaliere de celle de camorristes prêts à tout pour vous discréditer ?
Au moins Saviano ne viendra-t-il pas le faire en France début mai. Ouf.
Le gouvernement berlusconien est décidément champion, quand il s'agit de défendre l'image de l'Italie.

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